31/05/2011

LE PLUS BEAU JOUR DE LEUR VIE.



L'été arrive. C'est la période que choisissent en général les couples infidèles qui ne s'assument pas pour nous faire chier en klaxonnant dans la rue et exposer leur pseudo amour dont tout le monde se cogne.
Le principal intérêt de cet évènement, après s'être fait chier à l'église et/ou à la mairie pendant des plombes, réside dans le repas, occasion unique de s'en mettre plein la panse et de se saouler en tout impunité, et surtout gratuitement.
C'est aussi l'occasion de revoir la cousine dont on est secrètement amoureux et d'embrasser une dernière fois les vieux qui garniront notre compte en banque dans quelques mois, après que la canicule ai eu raison d'eux - bien qu'en général, ce sont les pauvres qui meurent en premier, baignés dans la solitude et la merde, et qui nous lâchent en héritage rien d'autre qu'un service d'argenterie qui colle et des Kiri périmés.

J'ai été invité récemment à m'incruster dans un mariage de parfaits inconnus, dans un village où la magnificence de sa basilique géante n'a d'égal que la laideur de ses maisons en bouse.
Débarquement vers 22h30 donc, entre le plat principal à la sauce douteuse et le fromage qui pue, après que les gens aient fini leurs verres et dansé pendant 20 minutes sur de la varietoche des années 80.
A peine sorti de ma voiture pourrie, je suis déjà submergé par les questions : pourquoi bordel de merde y a-t'il des paniers de basket rouillés et sans filets en plein milieu du parking ?
J'aurai assez vite ma réponse : le repas a lieu dans une école de musique.
Ouais, pourquoi pas, c'est assez original.
Je fume quelques clopes avant de me décider à entrer et pendant ce temps, je devine au travers des vitres dépolies ce qui m'attend : une pièce de 80m², avec d'un côté les tables disposées en U et de l'autre la sono, dirigée par un bogoss et un mec qui n'a pas compris que le style tecktonic c'est über ridicule, un dancefloor entre les deux, peuplé par quelques danseurs qui bougent sur un air d'accordéon dissonant, joué au clavier par une tante quelconque.
Je prends mon courage dans une main et mes couilles dans l'autre et j'entre. Je dirige en speed vers le bout de table où je suis attendu et m'installe sur une chaise en bois gondolé semblable à celle sur laquelle j'ai cultivé mes escarres pendant mes années collège.
Ca reste supportable, je suis installé là où les cinq personnes les plus intéressantes et les moins versées dans le beaufisme extrême semblent être - si l'on exclut une femme manifestement aigrie et mal baisée depuis sa plus tendre enfance. Je discute, fais connaissance, me fais servir un verre de gros rouge, ma foi pas trop dégueu.
Pendant que je sirote mon pinard et que les gens retournent à leurs conversations, je jette un œil autour de moi, histoire de jauger l'endroit.
Erf. Sur la table devant moi, une bouteille de flotte en plastique, une de jus d'orange pétillant noname et une de cola aux édulcorants concentrés se sont incrustées au milieu des verres à pied. Ce schéma se reproduit tous les deux mètres de table.
Les murs fissurés sertis de poutres rouillées repeintes à la hâte sont décorés avec d'horribles bordels en papier crépon brun et bleus (sans déconner...) en forme de rosace ratée et de guirlandes mal attachées.
Mon regard tombe sur les mariés. Relativement bien fringués - ils font des jolies robes chez Tati maintenant - ils semblent assez heureux d'avoir accepté de supporter leur laideur réciproque jusqu'à leur divorce futur. On me fait remarquer à ce moment là que le machin bleu autour du coup de la MINWF (Mother I'll Never Want to Fuck) est une réplique en plastique du collier de Titanic, acheté 20 balles sur eBay. MONDIEU.
Pendant que mon attention s'attarde sur la laideur des petits cartons de placement des invités, un truc me touche les cheveux. HORREUR. Un chasseur, tout de treillis vêtu, me fait remarquer avec la classe et le tact du beauf au pick-up qu'il est que je suis à sa place. Je file chercher une autre chaise pour reposer sensiblement au même endroit, pendant que le fromage est servi.
Putain, je comprends pourquoi cet énergumène est posé en bout de table. Et pourquoi sa femme, le cornichon cité plus haut, est aussi aigre qu'un clito mal lavé. La pauvre. Je n'ai que rarement eu à supporter un tel débit de remarques de merde à la seconde, à tel point que je me demande comment sa femme a pu supporter un engin pareil pendant des années sans mettre fin à ses jours.
S'en sont suivis les classiques Blind Test, qui ont mis en exergue un truc assez rigolo et flippant : la compartimentation de la culture. Quand certains reconnaissaient d'un coup Dallas, Amour Gloire & Beauté et Dragon Ball-Z, d'autres (le côté "hype") hurlaient en brisant l'aphasie ambiante Tintin, Code Quantum et Amicalement Vôtre, programmes ignorés de la génération Philippe Risoli.
Juste avant la pièce montée (très laide au passage) est passé le livre-album du photographe qui avait officié plus tôt dans la journée. Ca se passe de commentaire, ma petite sœur aurait fait de plus belles photos avec un paquet de chips et une clé de douze.
Et tout ça en l'espace de 4 heures.

C'est ça le plus beau jour de leur vie ? Putain les gens se contentent de peu de nos jours.
Et je n'ai même pas pu embarquer de bouteille de Crémant (Champagne ? Késako ?).

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